Joséphine - Michèle Le Braz

Site web de Michèle Le Braz

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L’exposition : Joséphine

« L’air est plein du frisson des choses qui s’enfuient »
Charles Baudelaire

Joséphine Guénéguès est née dans la ferme de ses parents en 1924 à Kerborzoc-Milizac. Benjamine d’une famille de six enfants, elle perd sa mère à l’âge de quelques mois et son père à l’âge de 6 ans. Après l’obtention du Certificat d’Études en 1938, elle quitte l’école et commence à travailler dans une ferme à Vouzennoc.

Suite à la demande de l’une de ses filles, je l’ai rencontrée en 2013 à Lanrivoaré, dans une oasis de verdure et de tranquillité. Elle réside, depuis 1976, dans une maison confortable située sur le même terrain que la petite ferme où elle a passé la plus grande partie de sa vie entourée de ses 9 filles et de son fils, tous nés à la maternité de Saint-Renan. Enfants qu’elle élèvera seule après la mort de son mari, elle a alors 50 ans. Vie laborieuse partagée entre ses responsabilités de mère et celles liées à l’élevage des animaux et au travail contraignant de la terre.

Attenante aux petites étables la ferme comprend, entre autres, une pièce de vie dans laquelle Joséphine façonne avec beaucoup de soin, dans d’anciens moules à beurre en bois, les petites livres ou demi-livres de beurre, joliment décorées, d’un jaune plus ou moins éclatant suivant les saisons. Certains des ustensiles qu’elle utilise sont plus que centenaires, tout comme la cheminée surplombée d’anciennes assiettes décoratives, la table et le banc qui meublent cette pièce.

La fée électricité apparaitra en 1954, l’eau courante en 1960, la télévision et la machine à laver en 1970. Auparavant, elle s’éclairait avec une lampe-tempête ou des bougies, allait au lavoir pour l’entretien du linge, cuisait la nourriture dans la cheminée, menait une vie sans le confort actuel mais dont elle et ses enfants parlent avec beaucoup de tendresse et de bonheur.

Aujourd’hui, âgée de 96 ans, elle continue de veiller sur son petit domaine. Sur ses vaches qui paissent dans les champs, autour de la maison, et qui produisent le lait dont elle fait «un beurre au lait cru d’une délicatesse inouïe» (Le Monde, 30 novembre 2013), qu’elle vend chaque samedi matin sur le marché de Saint-Renan, marché qui existait déjà dans son enfance. Ses doigts malmenés et déformés par la traite manuelle parlent d’un temps où la trayeuse électrique n’existait pas.

Elle vit entourée de quatre vaches, de deux cochons, d’une dizaine de lapins et d’une flopée de volailles qui vivent en liberté autour de la ferme. Sans oublier, la fidèle Fara, sa chienne-louve récemment disparue, qui l’accompagnait fidèlement dans son quotidien. Vie hors de l’agitation, de la pollution, des nuisances sonores de la vie moderne.
Joséphine est une paysanne sereine, accueillante, respectueuse de l’environnement et de l’animal, une femme qui dit n’avoir jamais regretté d’avoir fait le choix d’une vie parfois très contraignante. Et ce, grâce à la présence d’une famille très attentive et soucieuse de son bien-être.

NB: J’ai écrit ce texte en 2020. Joséphine s’en est allée en mai 2022, elle avait 98 ans. Emportant avec elle tout un art de vivre où le végétal, l’animal et l’humain vivaient dans un état d’interdépendance mutuelle.

Michèle Le Braz-2024

Michèle Le Braz

Née à Quintin dans les Côtes d’Armor, Brestoise depuis plusieurs années, j’ai toujours été intéressée par les pratiques artistiques. La photographie argentique est celle qui m’a le plus attirée, puis totalement passionnée. Développement des films, tirages dans le noir du labo, travail des gris subtils, des noirs, des blancs… passion qui m’a amenée à photographier nombre de thèmes, comme ceux de la nature, du monde paysan, de l’animal, de l’enfance, du nu ou du portrait. Je laisse souvent ces thèmes venir à moi au hasard de mes errances et lorsqu’une rencontre, quelle qu’elle soit, provoque une étincelle, j’essaie de construire une histoire. Une histoire qui peut durer plusieurs années, à laquelle il m’est toujours très difficile de mettre un point final. La photographie a été, est et sera toujours mon mode d’expression préféré. Elle est ma grande passion qui, comme toute passion, alterne le plaisir et la souffrance. Aujourd’hui, j’utilise un appareil numérique pour les prises de vues et, parallèlement, je numérise d’anciens négatifs que je n’ai toujours pas sortis de l’ombre, des centaines et des centaines qui n’ont encore jamais vu la lumière...

Michèle Le Braz

Editions

  • 1998-Chevaux du bout du monde - Préface Jérôme Garcin - Rue des Scribes Édition, Rennes -
  • 2006-Chevaux du bout du monde, nouvelle édition, Éditions du Chêne
  • 2000-Regard sur soies - Introduction J.C. Dreyfus - Rue des Scribes Éditions, Rennes
  • 2002-La robe abandonnée - Préface Jérôme Garcin - Rue des Scribes Éditions, Rennes
  • Femmes de Cheval - CD-Rom “Les inédits de La robe abandonnée” - Maison des Cultures du Monde, Théâtre de l’Alliance Française

Prix

  • 1997-Concours International Nikon - 2ème Prix -
  • 1999-Nominée au Stylo d’Or, par l’Association de la presse équine - Prix spécial Yves Hilaire
  • 2006-Prix Centauriades (prix spécial du jury) Chevaux du bout du monde - Éditions du Chêne

Les travaux photographiques de Michèle Le Braz ont été exposés dans de très nombreux lieux en France et dans la galerie Leica en Allemagne, et ont fait l’objet de nombreux articles ou portfolios dans la presse écrite et parlée, nationale et régionale ainsi que des interviews et des reportages sur les chaînes de télévision.